Le droit aux vacances des enfants bientôt rayé du budget ?
Le droit aux vacances des enfants bientôt rayé du budget ?
A l’heure où l’État annonce plus de 40 milliards d’euros d’économies dans son budget 2026, les coupes budgétaires touchent de plein fouet les secteurs les plus fragiles : jeunesse, solidarité, vie associative. Pourtant, ce ne sont pas uniquement des lignes comptables, mais bien des piliers de cohésion sociale. Si le secteur des colonies de vacances venait à être affaibli, ce sont les vacances de centaines de milliers d’enfants et le tissu associatif qui seraient mis en danger. Pour Jeunesse au Plein Air (JPA) et ses membres, il est urgent de réagir.
Sacrifier la jeunesse : nouveau mot d’ordre pour 2026 ?
Le rapport indiquant les plafonds de dépenses publié récemment, en vue du vote du projet de loi de finances 2026, est sans appel : -300 millions d’euros pour la jeunesse, le sport et la vie associative, et -1,7 milliard d’euros pour la solidarité, l’insertion et l’égalité des chances. Cette logique budgétaire menace directement les politiques publiques en faveur de la jeunesse et de l’éducation populaire.
Derrière ces chiffres abstraits, ce sont des centaines de milliers d’enfants et de jeunes qui risquent de ne plus partir en colonie de vacances. Pour beaucoup, c’est leur seul moment de répit hors du quotidien, leur seule opportunité de découvrir de nouveaux horizons, de grandir autrement. Alors que le secteur de l’ESS représente 13,7%1 des emplois du secteur privé, ces restrictions risquent également de mettre en péril des milliers d’associations et d’emplois.
“Priver les enfants de vacances, c’est porter atteinte à leurs droits”
Alors que 4,7 millions d’enfants2 ne sont pas partis en vacances en 2023, et que 52% des parents3 d’enfants de moins de 18 ans ont déjà renoncé à faire partir leur enfant en vacances d’été pour des raisons financières, la disparition de soutiens publics aux colos serait un accélérateur d’injustice sociale.
« Les colos sont des tremplins pour les enfants : apprendre à vivre ensemble, découvrir la nature, prendre confiance en soi… Ce sont les fondements d’une citoyenneté active et épanouie. Supprimer ces aides serait un retour en arrière dramatique pour les familles et les jeunes. », déclare Christian Dominé, président de Jeunesse au Plein Air (JPA).
Les dispositifs Colos apprenantes et Pass colo sont menacés par ces coupes budgétaires. Depuis 2020, ce sont 400 000 enfants qui ont pu bénéficier du dispositif Colos apprenantes, et depuis 2024 plus de 40 000 enfants ont accédé au Pass colo. Pourtant ces chiffres restent une goutte d’eau face à l’ampleur des besoins.
Santé mentale, fracture sociale : une génération sous tension
La santé mentale est la Grande Cause nationale en 2025. Et pourtant, les enfants sont de plus en plus repliés sur eux-mêmes. Le rapport du HCFEA4 alerte : les jeunes passent de moins en moins de temps dehors. Dans un contexte où 84% des Français5 considèrent la nature comme bénéfique pour la santé mentale, les colonies de vacances apparaissent comme des espaces de ressourcement, d’éducation et de mixité sociale, à contre-courant de l’isolement.
L’étude menée par les Sherpas en 20246 montre que les préoccupations majeures des parents sont portées sur le bien-être de leurs enfants (64,1%), sur leur temps d’écran (60,3%) et sur leur réussite scolaire (57,6%). Autant de sujets auxquels répondent directement les séjours collectifs, en proposant une expérience éducative globale, hors du temps scolaire.
Les dispositifs d’aide Colos apprenantes et Pass colo facilitent justement l’accès à des séjours loin des écrans, propices à l’autonomie, à l’épanouissement personnel et à l’apprentissage. Supprimer ces aides, ce serait non seulement affaiblir une réponse éducative et sociale, mais aussi creuser davantage la fracture entre les enfants qui peuvent vivre ces expériences collectives et ceux qui en sont exclus faute de moyens.
JPA et ses membres appellent à un réveil politique
Les séjours collectifs sont un investissement social et durable, et non une dépense superflue. Elles forgent des souvenirs, mais aussi des citoyens. Elles reposent sur un écosystème associatif riche, fragilisé depuis plusieurs années. Aujourd’hui c’est tout un modèle de solidarité qui est en danger.
JPA et ses membres appellent solennellement le Gouvernement et les parlementaires à :
Reconnaître pleinement les colonies de vacances comme un temps essentiel et éducatif à part entière, complémentaires à l’école ;
Agir pour que chaque enfant, quelle que soit sa situation, puisse partir au moins une fois en vacances dans l’année ;
Maintenir les crédits alloués aux dispositifs Colos apprenantes et Pass colo dans le cadre de la loi de finances 2026.